Diffusion 3G/4G, le vrai du faux.

Diffusion 3G/4G, le vrai du faux.

Pour avoir utilisé moi même le TVU pack et ayant été appelé comme « expert » auprès du CHSCT, à propos de celui-ci, il me semble important de partager les éléments dont je dispose, pour la compréhension de l’utilisation de ces nouveaux moyens de diffusions.

Mon sentiment.

Je suis intimement persuadé qu’il faut intégrer dans la fabrication de nos journaux, les moyens de diffusions 3G/4G. La rapidité de transmettre l’information, a toujours été un élément déterminant pour le journalisme et les moyens techniques nous le permettent aujourd’hui. Si cette priorité n’était pas aussi conséquente pour les journaux du 13 et 20h, elle le devient éminemment dans le cadre de l’ouverture d’une chaine tout info, devant en permanence réactualiser son contenu.

J’ai même du mal à comprendre, qu’avec l’arrivée d’FTVI, cette fonctionnalité n’est pas été mise en place depuis longtemps déjà.

Les moyens de diffusions.

Il y a deux grands types de moyens, une simple clef 3G/4G ou l’utilisation de matériel plus élaboré tel que les TVU pack et autres Aviwest, des matériels à la philosophie bien différentes.

-Le type TVU pack.

Ils ont été créés en particulier pour réaliser des directs, offrant une stabilité temps/débits, grâce à la multiplicité des clefs. Pour peu qu’une bonne réception soit possible entre émetteur et récepteur et qu’il n’y ait pas trop de système similaire à se connecter aux mêmes réseaux.

Il est possible d’envoyer aussi des sujets complets et montés, permettant par leurs forts débits, de retarder dans le temps le moment de la diffusion, laissant plus de temps aux monteurs pour la réalisation et finalisation du reportage.

Enfin, il est possible d’envoyer une grande quantité de rush.

-Le type clef 3G/4G.

Ne sont fait que pour diffuser des éléments choisis et sélectionnés, ce que propose en option Sony pour la caméra PMW 400 avec module 3G/4G : le CBKWA101/IFU

En terme de poids et de prix, il y a une grande différence aussi.

Pour l’option de Sony, 220 g, quand le TVU pack mini est à 900g sur la caméra et 1,4 Kg à la ceinture avec batteries et sacoche. Qu’en au prix, 1 810 dollars pour le Sony et 19 000 dollars pour le TVU pack.

Stratégie.

Il semblerait assez clair que le choix du TVU pack pourrait exprimer une volonté de faire du direct, en effet, acheter du matériel 10 fois plus cher que la clef proposée par Sony, ne laisserait que peux d’ambiguité en la matière.

Alors que madame Delphine Ernotte prône pour une information plus dans le décryptage et la pédagogie, il y aurait là une forme de hiatus difficile à comprendre.

Nous avons eut malheureusement l’occasion d’utiliser cette année le TVU pack, sur l’attentat de Charlie hebdo et la prise d’otage de Vincennes à l’hyper cacher, ou l’on a pu voir à quel point il est difficile de maitriser les images en direct et faire preuve de retenue. Une situation qui a ému tant chez les téléspectateurs, que les journalistes, les politiques et plus encore dans les familles qui furent touchées par ces attentats.

Sans doute faudrait il revenir sur le choix et les modalité des directs comme mode d’information et avoir une réflexion de fond sur ce que l’on peut proposer à nos téléspectateurs à ce sujet.

Mais peut être n’est ce pas la bonne analyse, il semblerait que peu de duplex soit réalisés. Alors pourquoi utiliser du matériel aussi cher ?
Peut être pour rapatrier alors l’ensemble des rushs, pour réaliser le montage sur Paris. Une centralisation qui permet entre autre de faire des économies sur les monteurs, les flyer aussi, qu’il n’est plus nécessaires d’envoyer sur le terrain, un journaliste sur Paris se chargera de faire le montage final au plus près, non pas de la situation, mais bien au plus près de la rédaction en chef qui pourra ainsi mieux gérer le montage et les commentaires.

Le fait de ne pas présenter le module Sony 3G/4G (CBKWA101/IFU) pourrait bien être un signe, en effet, ce module n’est pas fait pour du direct, pas plus que l’envoi d’éléments en quantité, juste pour permettre de laisser le choix au journalistes de terrains d’envoyer les éléments qu’ils pensent être les plus représentatifs.

Les champs électromagnétiques (CEM).

Il ne faudrait pas croire que seul le principe de « précaution » puisse être revendiqué quant à la nocivité des CEM.

Toutes les études effectuées par la direction ou le CHSCT, demandé à des organismes indépendants, imposent une réglementation très stricte :

Interdiction d’utilisation pour les femmes enceintes, les porteurs de prothèses et d’appareils médicaux, auprès d’enfants de moins de 16 ans, dans les écoles et les hôpitaux. De plus une distance minimale d’utilisation a été préconisée, à 1 mètre pour la dernière étude AFNOR et de 2 mètres pour la CRIREM.
http://www.criirem.org/index.php

Le ministère de la santé et celui de l’écologie, au regard de la loi « Grenelle 2 », la commission européenne, l’ICNIRP, L’AFSSET et L’OMS, s’inquiètent des effets des CEM sur les populations. (voir le dossier santé : Les champs électromagnétiques de la 3G et la santé?)

La directive 2008/46/CE du PARLEMENT EUROPÉEN introduit la responsabilité de l’employeur et la surveillance médicale des travailleurs exposés, à défaut d’avoir de nouvelles normes à mettre en place.

Si dans des conditions optimums d’utilisations, entres émetteurs et récepteurs, par la proximité permettent d’avoir un taux d’émission raisonnable au regard de la loi, il en est tout autrement quand les conditions de réceptions se dégradent. Le taux d’émission des CEM s’intensifie proportionnellement à la difficulté que peuvent avoir émetteur et récepteur à tenter de communiquer. Dépassant ainsi largement les limites acceptables.

Malheureusement ce sont des conditions d’utilisations qui furent déjà constatées, diffusion de sujets montés dans des voitures, diffusion d’images en direct dans des voitures ou sur des motos, envois d’éléments dans un bus presse. Un véhicule fermé fait office de cage de faraday, enfermant les ondes à l’intérieur et les déplacements de véhicules amènent des difficultés de communication entre émetteur et récepteur.

De plus les normes encadrant la puissance d’émission de ce type d’appareil, sont exactement les mêmes que pour un simple téléphone portable à une seule clef. Mais avec un TVU pack, il peut y avoir 6, 8, voir 12 clefs émettant en même temps, amenant un effet cumulatif vectoriel qui peut amener à largement dépasser les normes.
 

Y a t-il des solutions ?

En ce qui concerne le TVU pack :

Oui… il y en a, technique déjà, en particulier pour le TVU pack, le TVU MARC-1. Un dôme conçu à la base pour être placé sur le toit d’un véhiculeafin de placer les clefs 3/4G à l’extérieur de celui-ci.

Mais il pourrait être utilisé d’une toute autre manière, en le plaçant au bout d’une perche de 3 mètres. Ce que font généralement des assistants sur les grands prix de formule 1 sur la grille de départ. Ce qui permet déplacement, tout en alliant sécurité pour les utilisateurs et de surcroit meilleure réception.

En utilisant le TVU pack, force est de constater que bons nombres d’économies sont réalisés, sur le personnel, les véhicules, l’essence et surtout le prix de la diffusion.

Il ne serait pas indécent de croire que l’utilisation du TVU pack devrait être systématiquement associé à une équipe à 3, pour raison de sécurité des personnels, mais aussi en raison du poids supplémentaire que cela impose particulièrement lors de déplacement train ou avion.

Grâce à cela nul besoin d’être vague sur la responsabilité de la diffusion. Les preneurs de son ont signé un accord collectif d’entreprise, leurs conférant une prime de diffusion pour la fly, qui pourrait très bien être reporté sur la diffusion 3G/4G.

Une autre solution serait de prendre des assistants pour s’occuper de la gestion du matériel, particulièrement dans le cadre de duplex, au bout d’une perche de 3 mètres, laissant ainsi toute l’attitude pour réaliser des images en mouvement.

Si de grosses économies sont effectivement réalisées avec l’utilisation de TVU pack, il ne serait pas inconvenant, ni très cher d’adjoindre systématiquement une troisième personne pour un reportage.

Enfin, les motards pourraient être équipés sur leurs véhicules du TVU pack, comme le sont les motards de radio, en prenant soin bien entendu de ne pas permettre la diffusion en mouvement.

Quant au CBKWA101/IFU de Sony.

Voilà un outil qui n’est pas présenté, mais qui à de bons atouts à faire valoir, le fait de pouvoir n’envoyer que le strict nécessaire en toute connaissance de cause. Un choix.

Beaucoup plus léger et beaucoup moins cher, un accessoire qui pourrait rendre bien des services, particulièrement pour la nouvelle chaine tout info, en pouvant ainsi leur envoyer en priorité les éléments d’un reportage, un sonore, qlq illustrations.

Avec la chaine tout info, il va falloir alimenter leur diffusion le plus rapidement possible et il ne sera pas possible de mettre un TVU pack sur toutes les caméras.

Conclusion.

Bien que les champs électromagnétiques soient reconnus pour poser des problèmes de santé, s’ils émettent trop près du corps humain, de la même manière que la diffusion par parabole satellite d’ailleurs, si les précautions indispensables et nécessaires sont prise, il est tout à fait possible d’utiliser ce type de matériel sans véritables dangers.

Pour cela, il suffit de se contraindre à certaines règles.

Eloignement suffisant de la source d’émission, 1 mètre me parrait trop court, cela laisse à penser que le simple fait de le poser au sol suffit à son innocuité, 2 mètres me semble plus approprié pour donner véritablement le sentiment d’un éloignement physique. De plus cela n’empêcherait plus certaines personnes de pouvoir utiliser ce matériel en raisons des restrictions (femme enceinte, porteur d’appareillage), puisque le danger potentiel décroit rapidement en fonction de la distance.

Les économies plus que substantielles réalisées par l’utilisation de ce type de matériel, doivent permettre l’ajout systématique d’une troisième personne pour s’occuper du TVU pack. Ce ne sera pas une grosse dépense au regard des gains financiers que ce type de matériel permet de réaliser, tout en préservant l’intégrité physique des utilisateurs face au rayonnement, mais aussi au poids qui une fois de plus serait reporté sur deux personnes avec caméra, pied, batteries et depuis peu le son en plus, on ne peu pas continuellement charger la mule.

L’utilisation d’une perche de 3 mètres permettrait de placer le matériel en position optimum pour une meilleure réception, tout en préservant la santé des utilisateurs.

Il est dommage de ne pas avoir étudié de plus près le module CBKWA101/IFU de Sony. Ce petit boitier serait des plus précieux pour envoyer des éléments à la chaine tout info qui se dessine. Malheureusement cela ne cadre pas avec la vision d’info 2015.  

C’est une toute autre philosophie, bien loin du direct, duplex et autre envoi massif de rushs. La maitrise reviendrait aux journalistes de terrain. Un retour à la confiance.

Bref, la télévision à toujours évoluée au rythme des innovations techniques, la diffusion 3G/4G en fait parti, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur cette technologie, nous devons même nous en emparer.

Pour autant il ne faut pas que cela soit aux détriments des hommes qui vont utiliser ce matériel, tant par le poids supplémentaire qu’ils vont devoir une fois de plus assumer, ni par la potentiel dangerosité de ses rayonnements

Eric Delagneau