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le blog des journalistes reporter images

Ma vision pour l’information pour France télévisions


Sommaire :

« Perspective 21 » :Mes propositions pour l’information.

-Pourquoi ce nom ?

-Les enjeux.

Mon analyse sur d’info 2015.

-Le coût technique.

-Le coût social

-Le coût financier.

-Le coût pour les téléspectateurs.

                                            Une nouvelle vision pour le serveur.

-Le passage en HD, sans attendre 2017.

-Une révolution qui s’appelle « LES PROXYS ».

-Les proxys une nouvelle vision pour l’info.

                 -Le montage :

                -L’envoi d’images en semi différé :


Mes propositions.

-Renouer avec la confiance.

-L’information.

-Des pistes à explorer.

-La syndication.

-La création d’un pôle d’échanges.

-Une banque d’images interchaine.

-Mais aussi un HUB d’échange.

-Une agence de vente d’images.

-L’égalité comme vision.


Organisation.

-Changement organisationnel des éditions.

-Rééquilibrage.

-La prévision.

-La facturation interne.

-Les preneurs de son


L’économie de l’entreprise

-Les décrets TASCA.

Conclusion

-L’exemple américain.

-Le contre exemple Médiapart.

-Les nouveaux acteurs de l’info.

-France télévisions.

Ma vision pour l’information.

Si cette année j‘ai fais le choix de me présenter à la présidence de France télévisions, je dois avouer que c’est en grande partie en réaction au projet info 2015, projet qui m’a toujours semblé inadapté, au regard des besoins et des défis de l’information que va devoir affronter France télévisions dans l’avenir. Je crains que les bases de ce projet n’aient été établies uniquement dans un but purement économique, sans véritablement le placer dans un cadre stratégique.

Ses contours furent obscurs, sa mise en place laborieuse et imposée de manière dévastatrice à tous les salariés de l’entreprise, le tout donnant la sourde impression de naviguer à vue.

Poursuivre info 2015 ? Il faut dire que les promoteurs de ce projet sont toujours très actifs et qu’aucune proposition alternative n’ose être encore émise. Son spectre continue à hanter les esprits. Si l’on en a beaucoup parlé, pour autant, bien peu de choses furent concrétisées à ce jour ; syndicats et salariés se sont tant arc-boutés pour freiner l’avancée de ce projet, que seuls quelques services sont devenus communs, mais rien en tous cas qui justifie, d’avoir été « aussi loin », que reculer, deviendrait alors à ce point impossible.

Personne ne remet en question l’impérieuse nécessité de réformer l’information sur France télévision.

Mais je crois qu’il existe d’autres solutions qui permettraient d’allier, par un véritable plan structurel pour entreprise, stratégie et économie pour l’information. C’est pourquoi je fais le choix de présenter mes idées aujourd’hui, pensant qu’il n’est pas encore trop tard pour réinventer un nouveau projet.

 

« Perspective 21 » : Mes propositions pour l’information.

 

Pourquoi ce nom ?

En premier lieu, dans l’idée de faire entrer l’information de FTV dans le 21 ième siècle. Et je crois que nous en avons les moyens, la volonté et le personnel.

2021 sera aussi le temps d’un passage de relais ; d’une nouvelle présidence pour FTV. C’est dans cet état d’esprit que j’ai souhaité me projeter, non pas uniquement dans la présidence en cours, mais dans le désir d’offrir à nos successeurs une situation stable et efficace.

Mais il ne s’agit pas pour autant d’une date butoir comme le fut info 2015, bien au contraire. Il est temps d’agir, de trouver de nouvelles solutions et de les mettre en place sans attendre.

Perspective 21 n’est pas une réflexion de bloc, mais doit être une évolution permanente autour de grands objectifs.

Les enjeux.

Nos téléspectateurs sont bien évidemment notre cible première. Nous devons être capable de leur offrir la meilleur information possible et ce, sur tout les supports. Car aujourd’hui, l’information ne passe plus uniquement par le support télé.

Nous avons le handicap de ne pas avoir été au bout de la démarche d’une télévision de service public tout info, initiée à l’époque par Paul Nahon. Il semble compromis d’obtenir un canal par le CSA, sans déstabiliser nos concurrents du « tout info ».

Voilà pourquoi, l’idée de monter une chaine tout info sur le web me paraît des plus intéressantes. Il ne s’agit pas d’en faire un concurrent direct à nos journaux télé, mais bien d’en faire le complément permanent à nos éditions.

Enfin, nous ne pouvons plus nous contenter uniquement du marché hexagonal, dans une situation mondialisée. Il nous faut être présent sur le marché international. Nous avons des atouts pour cela : la francophonie, la qualité, l’éthique.

L’information est devenue un enjeux international majeur, le gouvernement l’a compris semble t-il au regard du cahier des charges qui nous a été donné. Nous ne pouvons plus nous contenter de continuer à réfléchir en terme de chaine, mais il faut résonner en terme de groupe.

Je comprends que cette vision puisse faire peur, qu’elle laisse à imaginer une uniformisation de l’information pour l’ensemble des rédactions. Et c’est justement le genre d’écueil qu’il faut éviter. Nous devons profiter de la dimension de groupe pour nous enrichir de ces possibilités et qui nous permettrons de faire des économies, tout en offrant à chaque rédaction son libre choix éditorial de faire les reportages qu’elle souhaite, pour elle même, mais aussi en fonction de son public.

Mon analyse sur d’info 2015.

Avant de pouvoir présenter mon projet, il me semble indispensable de revenir sur mon analyse à propos info 2015, afin de mieux comprendre les raisons qui me poussent à présenter un autre projet pour FTV.

Pour moi, le postulat de départ, pour info 2015, semble avoir été que les rédactions étant « ingérables », il ne fallait pas faire "avec" les journalistes, mais les soumettre à la vision d'une direction dans une doctrine de "pensée unique" et maîtrisée.

Pour cela il fallait pouvoir dissocier les journalistes, de leurs images. Cela a pu être mis en place grâce au choix technique imposé par le serveur.

En obligeant les journalistes à décharger les images préalablement dans celui-ci et en plaçant cette notion comme un dogme immuable, il devenait alors possible de donner un sujet à monter, à une toute autre personne que celle l’ayant réalisé.

Ainsi, un petit groupe de journalistes spécialistes, triés sur le volet, a pu être constitué ; restant en permanence à France télévisions, ils récupéraient les éléments d’une brigade de journalistes devenus de simple « exécutants », afin de pouvoir monter les sujets selon les souhaits de rédacteurs en chef et adjoints, sans même avoir mis les pieds sur le terrain.

C’est « la grande vision du DESK », outil froid et agnostique, pour une information parfaitement maitrisée par la hiérarchie, semblant être la seule en mesure de bien cerner les besoins des téléspectateurs et les propos tenus par les journalistes.

Si l’on accepte d’entériner cette thèse, alors, les choix stratégiques, tant journalistiques que techniques mis en place, ne laissaient que peu de place au changement. Mais plus encore, l’acharnement à vouloir garder cette doctrine, malgré le nombre croissant de problèmes techniques, de fonds investis et de malaises dans la rédaction, pourrait laisser à penser qu’il fallait, coûte que coûte, continuer dans la même voie afin ne pas perdre la face.

Je ne doute pas que les chiffres présentés par l’ancienne direction, démontrent avec évidence, toutes les économies qui ont été faite durant ces dernières années, grâce à info 2015... mais à quel prix.

Le coût technique.

Un serveur en asphyxie permanente malgré un stockage de 650 Téra de données. A l’époque des tournages en SX, une cassette de 20 mn était largement suffisante pour un reportage de 2 mn, soit un ratio d’images utiles de 15 à 20%. Aujourd’hui, les reportages se démultiplient opérés par 2, 3, voire 4 équipes qui travaillent sans concertation, envoyés en tournage ça et là, à faire des « bouts » de sonores, des images d’illustration, des micros trottoirs. 30, 40, 50 voir 60 minutes de rushs cumulés, afin de réaliser un sujet de 1m30s à 2mn. A peine 1% de la charge utile.

Mais aussi un choix technique qui nous obligea à rester en basse définition, quand toutes les autres chaines étaient passées en HD depuis longtemps, uniquement pour préserver l’organisation tutélaire d’info 2015.

Le coût social.

La démotivation permanente de ne plus suivre un sujet, de sa réalisation à sa diffusion. Le mépris affiché pour les rédactions dites de « seconde zone ». Les problèmes de santé et de mal de dos, particulièrement chez les JRI, qui ne cessent d’exploser d’années en années et qui les touchent de plus en plus jeune, à un point encore jamais vu jusqu’à présent. Les remontrances perpétuelles de l’inspection du travail, particulièrement vis à vis de l’attitude par rapport aux précaires.

Le coût financier.

Comment quantifier le coût du manque de prévision, qui amène à envoyer 3 ou 4 équipes de reportage à 11 h le matin, afin de pouvoir monter un sujet en catastrophe pour le 13h ? A défaut de l’avoir anticipé, les journaux papier du matin sont heureusement là pour nous rappeler nos besoins. Combien coûtent les micros- trottoirs, inclus dans les morceaux de « sonore » que nous allons faire chaque jour ? En termes de dépense, rien en termes d’énergie... beaucoup, pour un rendement des plus famélique.

Le coût pour les téléspectateurs.

Qui ont vu arriver le HD ready, le full HD, la TNT, le Blue-ray, achetant des écrans toujours plus grands. En l’espace de 15 ans, la taille des écrans a quadruplé et la résolution a quintuplé. La définition des écrans de télévision a été multipliée par 20 en à peine plus d’une décennie. Pourtant, FTV diffuse toujours ses journaux en basse définition à la même résolution que durant les années 2000.

Il n’est pas insensé de croire qu’avec l’évolution technologique, nos téléspectateurs attendent une télévision de qualité tant sur le fond bien entendu, que sur la forme, au regard de ce que leurs écrans leur permettent technologiquement de recevoir.

Notre public est tout à fait à même de ressentir cette différence de qualité entres les chaînes. Je ne dis pas que pour autant, le passage en HD nous permettrait de reconquérir de nouveaux téléspectateurs, mais au moins il permettrait déjà de ne pas en perdre, particulièrement vis à vis des 30/40 ans, férus de nouvelle technologie et sans aucun doute à la pointe des matériels de réception.

Quant on s’émeut de l’augmentation de l’âge moyen de nos téléspectateurs, c’est un argument que nous devons prendre en compte.

 

Une nouvelle vision pour le serveur.

Cela me semble être une nécessité majeure. Tant que nous resterons sur la base du projet info 2015, en ce qui concerne le serveur, nous ne pourrons pas faire évoluer l’ensemble des rédactions.

Le passage en HD, sans attendre 2017.

C’est en effet tout à fait réalisable dès à présent. Ça l’était déjà d’ailleurs il y a longtemps, mais cette année voit l’aboutissement de 3 ans de tractations pour le renouvellement du parc de caméras, remporté par Sony. Au delà du simple fait d’avoir enfin de nouvelles unités de tournages, pour remplacer du matériel hors d’âge, ce sont les nouvelles technologies embarquées sur ces caméras, qui permettent d’offrir une nouvelle approche pour le stockage... une révolution.

Une révolution qui s’appelle « LES PROXYS ».

Les PROXYS sont à la vidéo ce que le RAW+JPEG sont à la photo. C’est à dire que deux fichiers sont enregistrés : un fichiers natifs dans le codec opérationnel en HD et dans le même temps, un fichier basse définition est créé avec exactement les mêmes caractéristiques que le fichier d’origine (images, sons, tags et métadonnées) un clone parfait pour une lecture rapide et indépendante du fichier natif.

Malgré la connaissance de cette nouvelle technologie, qui permet d’augmenter la rapidité des échanges, du transfert ou du montage, la précédente direction de l’info a rejeté cette proposition, arguant ne pas être en conformité avec les choix d’info 2015.

Pourtant, cette technologie n’est nullement incompatible avec le serveur actuel. Les caméras créant elles mêmes leurs propres fichiers basses définitions, plus besoin de dégrader les images, comme nous le faisons actuellement via le service d’ingest; les proxys sont instantanément utilisables et opérationnels pour les salles de montage, pendant que les fichiers HD se déchargent à leur rythme dans le serveur. Une économie opérationnelle, tout autant que financière et surtout un gain de temps non négligeable pour une qualité grandement accrue.

Alors que dans le plan d’info 2015, il était prévu de recâbler l’ensemble des stations de montages et de régies afin de pouvoir monter en HD en 2017, via les salles de montages. Il est clair que si l’on fait le choix de la technologie des proxys, il n’est dès lors plus nécessaire de faire cette opération extrêmement coûteuse, le câblage existant étant largement suffisant pour transférer le poids plume des proxys.

Une économie brute tournant aux alentours de plusieurs centaines de milliers d’euro.

En ouvrant dès maintenant le débat stratégique sur le serveur et les proxys, nous serions en mesure de faire des économies extrêmement importantes sur le budget de l’info lui même, tout en offrant une qualité d’images sans communes mesures face au postulat d’info 2015. De quoi ravir tout autant les téléspectateurs que les journalistes eux mêmes.

Les proxys une nouvelle vision pour l’info.

Depuis que j’ai découvert les proxys, bien qu’à la base ils aient été conçus uniquement dans le but d’aider les scripts à dérusher les longs métrages, je ne cesse d’imaginer toujours plus de possibilités d’utilisations de ce nouvel outil.

Malheureusement, le carcan imposé par info 2015, comme je l’ai exposé précédemment, ne permet pas d’exploiter ces possibilités, d’autant plus qu’aucune volonté n’est là pour la soutenir. Je vais néanmoins les présenter.

     -Le montage :

Avec cette technologie, nous avons vu que l’exploitation des rushs en mode proxy était immédiatement utilisable dans les salles de montage, sans avoir à attendre que les rushs originaux ne passent par la moulinette de la dégradation. Ainsi on peut monter un sujet en « édit-list » (cad virtuellement) avec les proxys et une fois le montage achevé, demander au serveur de faire la « conformation » avec les rushs originaux en HD.

     -L’envoi d’images en semi différé :

Etant donné que les proxys sont générés instantanément et directement par la caméra, il serait alors possible d’envoyer des « éléments » proxys, au regard de leur faible poids, directement depuis le lieu de tournages vers un micro serveur dédié à FTVI, depuis un Smartphone, un ordinateur ou une clé 3g ou 4g.

Ce type de transfert ne serait pas fait pour être diffusé sur les antennes, mais plutôt pour fournir des éléments clés à FTVI afin d’alimenter ce site d’information en priorité. Il ne s’agirait pas d’envoyer l’ensemble des rushs, mais bien une sélection des moments les plus importants d’une ITW, d’un événement, d’une situation en quasi direct, sans avoir à attendre de revenir à la station.

 

Mes propositions.

Renouer avec la confiance.

Rien ne pourra se faire sans le retour de la confiance. Il s’agit tout autant de la confiance que les journalistes doivent retrouver en leur hiérarchie, que la confiance que la hiérarchie doit retrouver envers ses journalistes.

Cela ne sera possible que si l’on considère les journalistes de FTV comme un atout et non comme un handicap. Le système pyramidal actuel qui fut édicté avec info 2015, a mis à mal la cohésion au sein même du groupe.

Si l’on souhaite vraiment créer un groupe audiovisuel fort et donner le sentiment d’union dans une entreprise unique, il faut également restaurer la confiance entre les différentes chaînes du groupe FTV, bien malmenée depuis de nombreuses années.

L’état de crispation est tel, qu’il va falloir donner des gages. Voilà pourquoi je propose de garantir et sanctuariser, pour les deux ans à venir, le budget de l’info au même niveau que celui de 2014 à minima. Dans le but de bien faire comprendre que l’idée n’est pas de faire des économies pour faire des économies, mais bien de faire des économies pour faire mieux, aller plus loin, investir. L’info ne peut plus être la variable d’ajustement.

L’information.

L’information ne sert pas qu’elle même, elle est un élément déterminant dans la crédibilité d’une chaine tout entière. Donner le sentiment de qualité dans nos journaux rejaillit immanquablement sur l’ensemble des programmes.

L’information est devenue aussi plurielle, les médias traditionnels ne sont plus seuls, il faut à présent compter avec internet et les réseaux sociaux. Néanmoins, nous avons une chance unique, le repas, ou ce regroupe chaque soir la famille. Cela reste un moment privilégié fort de la culture européenne et française tout particulièrement. Si certains font de plus en plus le choix de privilégier ce moment pour une convivialité sans télé, les chiffres montrent que cela reste aussi un moment fort de la quête d’information quotidienne.

Voilà pourquoi je pense que ce moment privilégié, que nous avons avec le public, doit être mieux exploité. Je ne crois pas que nos téléspectateurs attendent une compilation de ce qu’ils ont pu lire ou voir dans leurs journaux quotidiens ou sur le web tout au long de la journée, mais plutôt de pouvoir bénéficier de décryptage et d’explication.

Pour cela, je vais me permettre d’ouvrir la voie à des pistes de travail. Certaines vont sans doute choquer, néanmoins il serait intéressant de réfléchir à celles-ci.

Des pistes à explorer.

Je ne crois pas que les téléspectateurs du 13h de France 2 soient les mêmes que ceux du 20h, quand bien même ce soit un même public, je ne crois pas plus au postulat que les téléspectateurs de France 3, regarderaient successivement leurs journaux de régions, puis le journal national de France 3, pour finir enfin sur le journal de France 2. Chaque téléspectateur fait son choix d’information au regard de ses centres d’intérêts.

Voilà pourquoi je propose de réaffirmer au sein de ces deux rédactions, leurs domaines de compétence éditorial. Pour France 3 : les régions, la France et l’Europe, pour France 2 : la France, l’Europe et l’international. Il est bien évident que cela ne saurait empêcher d’aucune manière l’une ou l’autre chaine de traiter les sujets qu’elles souhaitent en toute indépendance, tout en ayant conscience des centres d’intérêts de leurs téléspectateurs et de la ligne éditoriale.

Ce n’est pas la concurrence avec les chaines privées qui m’interroge le plus, mais bien la concurrence au sein même du groupe France télévision qui est le plus problématique. Nous n’arrivons pas à avoir une synergie, une complémentarité entres nos différentes rédactions, du coup nous dépensons beaucoup d’argent dans des reportages redondant.

Afin d’éliminer une bonne fois pour toute, tout esprit de concurrence entre les journaux de France 3 et France 2, je propose de réfléchir à mettre le journal national de France 3 à 20h, ainsi, tous deux auront la possibilité de travailler de concert, pouvant utiliser les mêmes sujets. Grâce à ces nouvelles dispositions, les téléspectateurs pourront ainsi choisir leurs informations au regard de leurs centres d’intérêt et pour France télévision, le bénéfice sera de pouvoir officialiser le cumul des audiences des deux chaines.

La syndication.

Il nous faut pouvoir proposer une autre méthodologie de travail. Il serait contre productif de continuer à penser l’information chaine par chaine, c’est pour cela que je propose la syndication des moyens dans ce domaine. Mais pour que la syndication fonctionne, il nous faut un service apte à regrouper l’ensemble des sujets et d’être capable d’en faire la distribution au sein de l’ensemble du groupe.

Cette démarche à l’avantage de ne pas être à sens unique. Il ne s’agit plus uniquement de faire « remonter » les images vers Paris, mais bien de donner accès à l’ensemble des rédactions du groupe la possibilité d’échanger un maximum d’information. Et même, il ne s’agit plus de faire simplement un pont entre Paris et les régions, mais avoir aussi une dimension transversale à l’information, en effet, rien n’empêcherait alors que France 0 en Martinique demande des éléments d’un reportage à France 3 à Strasbourg.

La création d’un pôle d’échanges.

Voilà pourquoi je propose la mise en place d’une structure unique qui pourrait s’appeler « pôle échange » ou « FTV Cloud ».

Ce pole aurait en charge le « Cloud » et son serveur, avec une rédaction en chef en capacité de synthétiser et hiérarchiser l’ensemble des rushs et sujets à disposition sur l’ensemble des serveurs du groupe, afin d’en offrir une vue d’ensemble à toutes les rédactions du groupe.

Un tel serveur n’aurait rien d’onéreux, il serait même directement amortissable, ne serais-ce que pour l’utilisation que pourrait en faire FTVI, mais en plus il aurait l’avantage d’être multifonction, offrant une rentabilité bien plus importante que l’on pourrait imaginer

une banque d’images interchaine.

Ce serveur Cloud, n’aurait pas besoin d’être de très forte capacité, puisqu’il ne serait dédié qu’au regroupement de proxys de l’ensemble des chaines du groupe, il n’aurait pas fonction, non plus, à être zone de stockage. Le seul facteur déterminant pour sa capacité serait le temps de garde que l’on souhaiterait lui dédier. Mais j’aurai tendance à penser que 24 à 48 h de préservation serait amplement suffisante.

Avec cette banque d’image, l’ensemble des rushs proxys de toutes les entités d’information du groupe FTV, seraient accessibles, dès leurs dépôts dans leurs serveurs respectifs, ce qui permettrait alors deux grandes possibilités.

-Pour FTVI de pouvoir utiliser les proxys pour réaliser des montages, en effet les proxys sont tout à fait exploitable pour du web pour un format en 640 x 480 pixels.

-Pour les journaux antennes, bien évidemment, il ne serait pas question d’utiliser ce format, mais d’avoir accès aux rushs proxys et de passer alors commande à la station émettrice pour qu’elle envoie les rushs natifs présélectionnés en HD.

Mais aussi un HUB d’échange.

Ce pole serait en même temps le HUB (plateforme de correspondance) des commandes d’images.

Des plateformes existent déjà sur FTV, mais elles sont disparates et ne communiquent pas entres elles. Pour cela, je propose le regroupement en une seule entité de : IV3, France 0 Paris, le bureau des régions et les bureaux étrangers de France 2, ainsi que les coordinations de France 2 et France 3.

Si cette restructuration permet de réaliser, au niveau structurel, de réelles économies en termes financiers, la mise en place d’un comptoir unique permettra plus encore de mieux organiser les tournages, en évitant les redondances, d’avoir une réactivité d’action bien supérieur, cette centralisation permettant d’offrir un même évènement à diverses rédactions du groupe en même temps.

Une agence de vente d’images.

Ce pole pourrait aller plus loin encore, en étant appelé à devenir l’agence de vente d’images quotidienne de FTV. A l’heure actuelle, c’est toujours le tonneau des Danaïdes que nous remplissons, dépensant sans jamais rentabiliser. Avec le passage en HD, nous deviendrions alors compétitif pour évoluer vers une grande agence de vente d’image quotidienne. Avec notre infrastructure, nous sommes sur tous les océans, sur tous les continents et nous sommes en capacité de proposer un incroyable nombre de contenu qui pourrait intéresser nombres d’acteurs extérieurs n’ayant pas nos capacité territoriales.

En réfléchissant à cet ensemble, ce n’est pas uniquement des économies que l’on peu tenter de faire mais bien de tayloriser nos contenus, en alliant stratégie, économie, productivité et rentabilité.

L’égalité comme vision.

Grace à cela, nous pourrions enfin placer l’ensemble des rédactions sur un pied d’égalité. Il ne peut y avoir des rédactions de premier plan et d’autres de seconde zone.

Radio France l’a bien compris et a réussi à mettre en place une véritable structure opérationnelle entre les stations France Bleu avec France Info ou France Inter. Les reportages des journalistes de France Bleu sont pris tels quels, ou avec une mouture spéciale en fonction du diffuseur et leur station régionale citée en ces termes :

« Alain L...France bleu, pour France info ».

Quand sur FTV, nous en sommes encore à ne demander que des éléments à nos régions ou pire, à recommenter les sujets qu’ils ont eux mêmes produits, ce qui n’a rien de valorisant, mais qui en plus engendre un coût financier inutile.

Une stratégie globale de l’information ne peut et ne doit pas être à sens unique. On ne peut concevoir que seuls des retours vers les rédactions de France 2 et France 3 soit possibles, utiles et nécessaire. Les rédactions de France 2 et France 3, avec leurs dimensions européennes et mondiales, doivent aussi pouvoir proposer des éléments pour les régions et territoires qui peuvent les intéresser régionalement.

 

Organisation.

Changement organisationnel des éditions.

L’une des volontés d’info 2015, était de dissocier les éditions du 13 h et du 20h en deux entités séparées ayant leurs journalistes détachés. Personnellement je ne vois guère les avantages que l’on pourrait tirer de ce type d’organisation.

Je crains que cela crée plutôt une situation de concurrence entres les éditions elles mêmes. Cela aurait le désavantage d’augmenter les coûts de production, ayant ainsi la volonté d’avoir chacune « leur » reportage, avec « leur » vision propre.

Cela amènerait sans doute un fort clivage entres les journalistes des différentes éditions, quant à l’aura que représenterait l’édition du 20h face à celle du 13h.

Rééquilibrage.

Il faut rééquilibrer les pouvoirs entres éditions et services. C’est les services qui sont au plus près de l’information et qui doivent être force de proposition auprès des éditions, car ils ont la possibilité d’être bien en amont de l’information dans leur secteur d’activité. C’est ainsi que fonctionne depuis des décennies l’ensemble des rédactions. On peut avoir des idées que l’on croit révolutionnaire, mais aussi s’apercevoir qu’elles ne fonctionnent pas, pour revenir à des idées qui semblent « éculées »... mais qui fonctionne.

Bien au delà de réaliser les sujets quotidiens, les services doivent être le fer de lance de l’anticipation, d’être au cœur de l’actualité du lendemain et d’être un vecteur de proposition sur le court et moyen terme.

La prévision.

Je peux comprendre que les éditions se focalisent chaque jour sur leurs journaux quotidiens et c’est bien normal. C’est un travail long et précis qui laisse peu de place à la réflexion à long terme, mais aussi au suivit de l’information.

Voilà pourquoi je propose une refonte du poste de rédacteur en chef des prévisions et des magasines. En charge de faire des prévisions pour le moyen et long terme, il aurait ainsi la possibilité d’épauler les éditions pour une vision plus globale de l’information. Aurait signature pour lancer des sujets, serait le garant du suivit de l’information dans la journée entres les éditions et autorité finale en cas de conflits entres deux éditions.

La facturation interne.

Bien évidemment, il est nécessaire de pouvoir quantifier financièrement les montants dépensés. Mais la facturation interne telle que nous la connaissons actuellement pose énormément de problème.

Basée sur un montant dont on ne connais pas les tenants et aboutissants, elle facture en Euro les prestations pour les éditions, au tarif de 1900 euro une journée de tournage en interne. Pour avoir fait une étude de marché sur les montants généralement demandés par des prestataires extérieurs, nous nous facturons en interne entre 30 et 40% plus cher que les tarifs généralement constatés dans des sociétés privées.

La perversion de ce système amène à bien souvent préférer utiliser des prestataires extérieurs pour réaliser des reportages, plutôt que d’utiliser les personnels de FTV. Une situation ubuesque sachant que de toute façon le personnel de FTV sera payé quand bien même il ne fasse pas ce reportage.

Une solution que je préconise, serait de faire une facturation interne au « point », un peu comme l’a organisé un autre service public, les hôpitaux.

En affectant un nombre de point, à une prestation, nous n’aurions plus à craindre de voir la délocaliser les reportages vers des sociétés extérieurs. Ce qui n’aurait plus aucun sens.

Les preneurs de son.

Une catégorie professionnelle en voie de disparition. Sous couvert « d’économie », info 2015 à rayé d’un trait de plume ce personnel.

Mimant les chaines tout info, ils ne semblaient plus indispensable à la bonne marche de nos journaux. Qu’importe qu’ils ramènent des sons informatifs, encore moins dans des pays étrangers puisque de toute façon il faudrait les traduire, qu’importe aussi la sécurité qu’ils pouvaient amener en zone à risque, étant les seuls yeux disponibles des équipes en situation difficile.

Mais ce n’est pas uniquement pour ces raisons que je souhaite voir revenir les preneurs de son, mais bien dans un souci de stratégie et d’économie.

Oui, je comprends votre surprise en découvrant ces mots, pourtant ils ont un sens.

Et comme exemple, c’est des chaines de télévisions de service public étrangères que je citerai, la BBC et la NHK au Japon. Ils ont bien compris tout l’intérêt d’avoir des preneurs de son sur des reportages et ce, bien au delà de ce que l’on peut attendre d’eux, ils sont rentables.

Car à la différence de FTV, ils revendent leurs images dans le monde entier dans des « versions internationales » (Vi), c’est l’une de leurs grandes forces, ils parcourent le monde en interrogeant les personnes dans leurs langues natales, ce qui évite des erreurs de compréhensions notables et permet de vendre plus facilement à l’étranger, particulièrement dans les pays ou ils se sont rendus.

Si nous souhaitons investir les marchés étrangers à la vente de nos images, c’est un point qu’il nous faudra revoir

 

L’économie de l’entreprise

Il ne faut pas se voiler la face, la perte de la publicité a créé un énorme déficit budgétaire, qui a engendré une très forte fragilisation des finances de France télévision. L’arrêt de la publicité après 20h fut un handicap, au regard de sa trop grande rapidité de mise en place et la non compensation du manque à gagner promise par le gouvernement de l’époque.

L’information est devenue un enjeux international majeur, le gouvernement l’a compris semble t-il au regard du cahier des charges qui nous a été donné. C’est un outil industriel et stratégique de premier plan.

Augmentation de la redevance, participation financière au service public aux autres acteurs de la profession, tant télévisuels que dématérialisés, ou d’autres sources de financement, c’est au gouvernement de trouver moyen de pérenniser durablement le financement de France télévision.

Mais une piste semble indispensable à explorer...

Les décrets TASCA.

Si en 1986 les décrets TASCA pouvaient avoir leurs raisons d’être, en 2015, avec 25 chaînes sur la TNT, le satellite , le web, les canaux de diffusion sont devenus multiples. A présent, les producteurs indépendants ont de larges possibilités pour proposer leurs productions.

La question n’est pas d’arrêter de travailler avec les producteurs indépendants, mais bien de laisser beaucoup plus de marge de manœuvre à France télévision pour créer et fabriquer du contenu, mais aussi de mieux partager la charge de production et les bénéfices de ventes et de diffusion. Nous ne pouvons continuer à financer des productions sans nous soucier de la rentabilité attendue, mais c’est aussi valable pour l’information et notamment pour les magasines de la rédaction.

 

Conclusion

L’exemple américain.

Les chaînes généralistes américaines ont toutes perdues la bataille de l’info en cherchant à imiter les chaines tout info et à présent, toutes licencient leurs journalistes fautes de téléspectateurs. Ils n’ont pas réussi à garder l’un des piliers les plus importants de l’image d’une chaîne... l’information. Tout ce qui donne la crédibilité à l’ensemble d’une télévision. A terme, il n’est pas exclu qu’ils perdent aussi l’ensemble de leurs téléspectateurs sur le reste des programmes.

Le contre exemple Médiapart.

Fondé en 2008, qui aurait donné à Médiapart autre chose qu’une oraison funèbre. Créer un journal dans un contexte aussi difficile pour les médias papier semblait un non sens économique, particulièrement sur le web, sans publicité et de surcroit payant.

Malgré tous ces handicaps, Médiapart fut rentable dès 2010, contre toutes attentes. Le choix d’enquêter a porté ces fruits, offrant une information de qualité à un public de plus en plus présent, prêt à payer quant il s’agit d’avoir de véritables enquêtes, qu’ils ne trouvent pas dans les média « traditionnels »

Les nouveaux acteurs de l’info.

Yahoo, Netflix, Google ou autres Amazon sont aujourd’hui en train de passer un cap des plus important dans leur culture, en embauchant massivement des journalistes pour enrichir leurs contenus. Comprenant que c’est le seul moyen d’affirmer la véracité de leurs propos, grâce à une déontologie reconnue.

La concurrence va devenir de plus en plus difficile dans l’information, je ne m’inquiète pas tant des chaines tout info, mais bien plus de ces portails web. Si nous ne voulons voir arriver ce genre de situation avec France télévision, que l’exemple américain nous serve de leçon et agissons avec diligence et avec réflexion.

France télévisions.

Certes, peut on vraiment comparer ? Je ne sais pas, mais une chose est sure, entre le tout suivisme et le tout enquête, FTV peut avoir des opportunités à saisir pour se démarquer des chaines tout infos et du web, en offrant à ses téléspectateurs de la réflexion, de l’explication et du décryptage.

Nous avons des atouts à faire jouer. La réputation de France télévision n’est plus à faire, elle est basée sur plus de 60 ans d’expérience, ce qui nous donnes un temps d’avance. Nous avons, la reconnaissance, la connaissance, les hommes et les femmes passionnés par leur métier, nous sommes au cœur de l’Europe dans un Etat qui compte au niveau européen, mais aussi au niveau mondial, nous avons des infrastructures fortes dans l’ensemble de hexagone, mais aussi une implantation ultramarine qui nous permet d’être sur presque tous les continents.

Nous avons donc les moyens de peser sur l’information nationale et internationale de manière significative, si l’on s’en donne les moyens.

 

Eric Delagneau

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